Direction Générale des Infrastructures, des Transports et de la Mer (Service de l'administration générale et de la stratégie, Mission des transports intelligents) lance un appel à projets de recherches.
La phase 1 (appel à idées) est ouverte jusqu'au 3 avril 2019 - 12h.
(Submission électonique et documents de l'appel à projets accessible
Contexte
Pour alimenter ces réflexions, la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer -DGITM a commandité en 2017 et 2018, au titre de l’Atelier prospectif La vie robomobile, une première vague de travaux de recherche auprès de ses partenaires fondateurs, l’IFSTTAR et le LAET. Ces travaux, dont les derniers s’achèveront fin 2019, sélectionnés à raison de leurs thématiques prioritaires pour l’Atelier, permettent déjà, au travers des restitutions d’étape, d’animer le cercle des participants à l’Atelier et de fournir des éléments solides de réflexion notamment pour les acteurs publics.
Objectifs de l'appel
Pour entretenir cette dynamique et élargir le champ des disciplines et approches mobilisées, la DGITM a choisi de lancer en 2019, et, sous réserve de la disponibilité des budgets les années ultérieures, des appels publics annuels à projets de recherche, ouvert à l’ensemble de la communauté scientifique. C’est l’objet du présent document.
Cet appel comporte deux volets :
le volet « appel thématique », recouvrant quatre axes de recherche principaux ;
et, en complément, un volet « appel blanc », pour lequel les équipes sont libres de déposer des propositions sur tout autre thème qui pourrait utilement enrichir les réflexions des membres de l’Atelier.
L’objectif reste de susciter des travaux de recherches partageables dans divers domaines méritant intérêt pour nourrir les réflexions de l’Atelier, avec une priorité claire pour les questionnements inédits, pionniers ou sous-investigués dans l‘offre disponible de recherche et de prospective au plan mondial. Au-delà des 4 thèmes identifiés, jugés prioritaires, le volet « blanc » doit permettre aux équipes intéressées de proposer des projets sur des sujets encore plus nouveaux, inattendus ou décalés, dans la mesure où nous reconnaîtrons leur pertinence vis-à-vis de nos objectifs généraux de travail.
LE VOLET « APPEL THEMATIQUE » : LES 4 AXES DE RECHERCHES ET LES THÉMATIQUES ASSOCIEES
Si les thématiques sont classées suivant quatre axes, les projets soumis pourront couvrir plusieurs de ces axes. La proposition dans ce cas devra être explicite quant aux axes couverts.
Axe 1 – Infrastructures et équipements
Les infrastructures et leurs équipements, tant physiques que numériques, qui accueilleront ou supporteront le déploiement des véhicules autonomes posent de nombreuses questions.
La qualité (et le niveau de maintenance) de l’infrastructure physique (route, rue) et plus généralement de « l’infrastructure urbaine » et pour l’urbain de l’espace public au sens large, est un sujet d’interrogation majeur, en particulier au regard des investissements à consentir et à leur maintenance. Par ailleurs, la question de l’infrastructure numérique (au sens large : toutes les couches numériques se greffant sur l’infrastructure physique et qui permettent de déployer des services, de la cartographie numérique au support de connectivité V2I et V2V), utilisant différentes technologies, devient également cruciale.
Il ne s’agira pas ici d’appréhender ces problématiques sous l’angle de la technologie.
Questions de recherche (liste non limitative) :
Comment gérer l’intrication de générations d’infrastructures multiples, tant physiques que
numériques ou urbaines, à l’obsolescence accélérée ?
Les standards routiers (routes et rues) d’aujourd’hui et de demain : qu’est ce qui ne ferait plus sens dans une mobilité robomobile ?
Quelle réversibilité pour ces nouvelles infrastructures ? Comment permettre la cohabitation( ou non) entre véhicules autonomes et non autonomes, ou de mobiles/systèmes présentant différents degrés d’autonomie ou de supervision ?
Quels sont les enjeux stratégiques et économiques autour des mutations des infrastructures physiques et numériques, de l’investissement à la maintenance, de l’adaptabilité à la résilience ?
Axe 2 – Structuration sociale
La course technologique et industrielle, à l’échelle mondiale ou continentale, se concentre jusqu’à présent sur l’objet « véhicule autonome » (y compris VL, navettes, PL, bus, robotaxis…). L’enjeu pour les innovateurs est de réussir à faire rouler le premier un véhicule le plus autonome possible, de la manière la plus convaincante possible, et d’être le premier à préfigurer les usages futurs de transport de personnes et de marchandises.
Dès lors, l’introduction progressive ou rapide, limitée ou massive, de ces machines robomobiles (véhicules, robots, matériels mobiles, mobilier, etc.), en ville, en périphérie urbaine ou dans le rural, entraînera des nouveaux types d’interactions : entre les individus et ces machines, entre les machines elles-mêmes, entre les individus dans un environnement différent de l‘environnement actuel, entre les machines et les infrastructures. En ce sens le VA peut être caractérisé comme une machine sociostructurante
(ou « machine sociale »). Il en ressort un enjeu de design social de ces interactions et de
ces relations entre les différents acteurs ou composantes de ces écosystèmes territoriaux en émergence.
Questions de recherche (liste non limitative) :
En quoi le VA amène-t-il à de nouvelles interactions sociales ?
Qu’est-ce que ces interactions sociales nous laissent entrevoir sur des évolutions possibles de nos modes de vie ?
Comment les usages du VA peuvent-ils répondre aux aspirations des territoires et des
quartiers qui se sentent délaissés ?
Quelles opportunités et quelles menaces ? Quelle place pour l’intervention (ou non) de l’Etat ? Quels champs d’application du principe de subsidiarité ?
Axe 3 – Travail et emploi
Deux axes de réflexion semblent prioritaires :
* dans le secteur du transport : conducteurs de bus ou de poids lourds, chauffeurs de taxi, livreurs : comment ces professions vont-elles être impactées ? Quelles sont les tâches, hors conduite, opérées par ces conducteurs (information, manutention, réparation…), et comment seraient-elles réallouées si le conducteur disparaît ?
* mais beaucoup plus largement, avec une robomobilité généralisée, on peut imaginer des révolutions plus profondes de l’organisation du travail et des modes de production : lieux de travail itinérants, le véhicule robomobile comme lieu, voire lieu-outil de travail, …
Aussi, même si les mobilités non professionnelles connaissent aujourd’hui une croissance plus importante que les déplacements liés au travail, il n’en demeure pas moins que les systèmes de transports et la gestion des réseaux, demeurent fortement structurés par la réponse aux besoins de déplacements des pointes du matin et du soir. L’introduction d’une dose de robomobilité, voire d’une généralisation de ces solutions de mobilité autonome, est-elle de nature à impacter, modifier, transformer les mobilités liées au travail ? La question peut également être posée de manière symétrique : en quoi les évolutions propres au monde du travail et du marché de l’emploi, pourraientelles inspirer le design des solutions robomobiles ? Le rapport à la temporalité du travail quotidien est bien sûr en jeu.
Il ne s’agit pas ici de traiter la question du travail et de l’emploi face à l’automatisation croissante, mais bien de dégager ce qui pourrait être spécifiquement lié à la vie robomobile.
Axe 4 – Imaginaires de la robomobilité des personnes
Le XXe siècle aura vu l’avènement des transports motorisés, puis la démocratisation de l’automobile, suivie de sa massification : devenue le véhicule universel, dominant et indispensable à toutes les classes de populations, à tous les types de territoires et pratiquement à toutes les zones du monde. Cette réalité imprègne toujours très fortement les imaginaires des transports et de la mobilité, à tel point que certains pourraient voir dans les projets de véhicule autonome, le prolongement de la promesse originelle de l’épopée automobile. Il semble donc essentiel d’être capable d’analyser, décrypter, démystifier, les imaginaires autour de la robomobilité, tels qu’ils sont proposés par les promoteurs du véhicule autonome, ou à l’inverse, tels qu’ils sont critiqués par ses détracteurs.
Il faut là encore entendre le VA comme un objet pluriel, bien au-delà du véhicule individuel. Dans la science-fiction classique, par exemple, l’immense majorité des véhicules autonomes ne sont pas la propriété de leurs passagers, et cela constitue un imaginaire collectif ou au moins partagé.
L’Atelier prospectif s’intéresse tout particulièrement aux systèmes de représentations, aux croyances, aux valeurs qui sous-tendent les innovations robomobiles. Quelles sont les visions de la société qui sont proposées ? Qu’est-ce que l’histoire des grandes évolutions socio-techniques peut nous apprendre ? Quels sont les messages, les mots, les images, les références culturelles, qui sont utilisés ? Quelle influence de ces imaginaires sur les décisions individuelles ou collectives, sur la place de la robomobilité dans la société, les modes de vie ?
C. LE VOLET « APPEL BLANC »
En complément de ces quatre axes thématiques identifiés comme prioritaires, le présent appel comporte un volet blanc. Toutes les propositions pouvant présenter un intérêt pour alimenter les réflexions de l’Atelier sont attendues dans ce cadre.
Ces propositions pourront par exemple porter sur des enjeux transversaux, tels que ceux liés à la justice sociale, à l’équité territoriale, à l’éthique, à la protection de la vie privée, au contrôle social, à la gouvernance, à l’économie, aux nouveaux services, aux structures de marché ou encore à l’environnement pourront être traités dans ce cadre. Les approches innovantes et les sujets inattendus sont par principe les bienvenus.