Saturday, June 30, 2018

Acceptabilité des mesures de luttes contre les maladies transmissibles

Le jeudi 31 mai 2018, l'Association pour l'Étude de l'Épidémiologie des Maladies Animales (AEEMA) avec l'association pour le développement de l'Épidémiologie de Terrain (EPITER) tenait ses journées annuelles à l'École Vétérinaire d'Alfort. J'ai eu le plaisir de présenter un travail intitulé :

Perceptions d’un événement par les consommateurs et leur jugement des mesures de lutte
Exercice d’anticipation dans le cas de dépistage positif d’animaux à l’ESB.

Lorsque les consommateurs prennent connaissance d’un événement susceptible de nuire à leur santé, comme une annonce dans la presse que trois bovins ont été dépistés positifs à l’ESB, ils forment un jugement sur leur degré d’exposition. Ils élaborent alors des stratégies d’évitement – arrêt de la consommation -- ou d’acceptation selon leur perception de celui-ci. Dans le cas du choix d’évitement, lequel n’est, dans leur esprit, que temporaire, la persévérance de leur choix dépendra de leur perception des mesures de lutte mise en œuvre par les pouvoirs publics afin d’assurer la qualité sanitaire des denrées alimentaires. Sous quelles conditions sont-ils prêts à accepter de consommer à nouveau de la viande.

J'ai exploré les schémas cognitifs des consommateurs en situation fictive. Ce travail, réalisé à la demande du Conseil National de l’Alimentation, suggère que les consommateurs forment des représentations mentales différentes selon leur génération d’appartenance au moment des crises des années 1990. Les personnes âgées aujourd'hui de plus de 18 ans et de moins de 25 ans n'étaient pas en situation de prendre des décisions alimentaires autonomes en 1995 et en 2000, mais ils gardent souvent la trace de cette crise dans leur mémoire. Dans l'échantillon, les personnes âgées de plus 40 ans aujourd'hui prenaient des décisions alimentaires de manière autonome. Les réponses sont substantiellement différentes entre les deux générations. Les "jeunes », bien que conscient de la dangerosité de la maladie de la vache folle chez l'homme et de la possibilité d'une transmission par voie alimentaire à partir d'animal malade, ne sentent pas concernés par un le dépistage positif de trois animaux dans un abattoir (événement hypothétique servant à la mise en situation). Leurs ainés se sentent, quant à eux, concernés et naturellement attendent des pouvoirs publics qu'ils restaurent la confiance des consommateurs dans le système de production. Leurs attentes s'expriment un désir de comprendre les mesures mises en oeuvre par les pouvoirs publics afin d'être convaincu de leur pertinence. J'ai proposé des pistes d'actions de communication d'influence (en opposition à une communication fondée sur une argumentation logique telle qu’attendu par les répondants). L'article sera disponible dans la revue Épidémiologie et Santé Animale.